Le jeu d’Échecs à l’école

Le jeu d’Échecs à l’école

AGIR POUR OBTENIR UN DÉVELOPPEMENT SIGNIFICATIF ET MESURABLE

L’enseignement des échecs à l’école constitue depuis plusieurs décennies le principal levier du développement de notre discipline. Les efforts de la Fédération et de ses organes déconcentrés ont suscité un fort investissement des clubs et de leurs intervenants. Les résultats des différentes politiques à l’égard des plus jeunes et notamment ceux en milieu scolaire sont palpables : la FFE a une majorité de jeunes licenciés, et le jeu d’échecs a une image positive dans la société et au sein de toutes les structures d’enseignement, grâce aux vertus reconnues de la discipline. Pour autant, la FFE subit depuis bientôt 10 ans une chute anormale du nombre de ses licenciés. Seule une nouvelle politique, créative, volontariste et adaptée à notre époque permettra de retrouver l’élan que nous méritons. Nous proposons une analyse de la situation et vous présentons notre programme pour donner à la FFE et à ses clubs un projet ambitieux pour le développement de notre discipline.

QUELS SONT LES LIENS ENTRE LE JEU D’ÉCHECS ET LE MILIEU SCOLAIRE ?

La convention-cadre avec l’Éducation Nationale

Elle est la convention «reine». Signée pour la première fois le 15 février 2007 à Troyes entre le ministre de l’EN Gilles de Robien et le président de la FFE Jean-Claude Moingt, elle a ouvert officiellement les portes de nos écoles, collèges et lycées à notre discipline. En présence de Jean-Michel Blanquer (qui a contribué au développement des échecs lorsqu’il était recteur de l’académie de Créteil, après avoir permis la création de la ligue des Échecs de Guyane avec M. Daniel Baur), de tous les recteurs, et de nombreuses personnalités du monde des échecs et de la sphère politique, cette signature historique a offert au jeu d’échecs une immense reconnaissance éducative, quelques années seulement après l’obtention de l’agrément sportif de la fédération, en 2000. Cette signature facilitera dès lors les démarches des clubs et de tous les organes déconcentrés auprès des établissements scolaires, en donnant aux Échecs une plus grande légitimité. L’aide aux accompagnements éducatifs atteindra même 1,2 M d’euros en 2011-2012. Les réformes de l’État français feront baisser au fil du temps cette enveloppe.

Cette convention triennale sera renouvelée depuis lors. La dernière signature date de mars 2020.

La convention avec l’UNSS

L’Union Nationale du Sport Scolaire a pour vocation de proposer aux élèves du secondaire la pratique sportive sous la tutelle de l’Éducation Nationale. Initié sous le mandat de Diego Salazar par l’action
du directeur national des scolaires de l’époque M. Dominique Ruhlmann, la FFE a signé en 2016 une convention avec l’UNSS valable jusqu’en 2021. Outre l’organisation de championnats UNSS en collèges et en lycées (la FFE a conservé en parallèle son championnat des collèges, avec des règles différentes), ce rapprochement a aussi pour but de créer des sections sportives « échecs » au sein des établissements scolaires et d’organiser des évènements ponctuels favorisant la découverte de l’activité (comme la Journée Nationale du Sport Scolaire par exemple).

La convention avec l’USEP

Le 16 janvier 2018, une convention de partenariat afin de développer la pratique des échecs en milieu scolaire a été signée entre la Fédération Française des Échecs et l’Union Sportive de l’Enseignement du Premier degré (USEP), l’équivalent de l’UNSS à l’école primaire, afin de favoriser les rencontres sportives et les projets éducatifs autour du jeu d’échecs, dont des stages USEP – Échecs à destination des enseignants, permettant de les former à l’activité Échecs et de favoriser leurs interventions auprès de leurs élèves.

Les autres conventions

D’autres démarches ont été effectuées très récemment par la FFE: un partenariat avec l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (2018), des réunions d’information autour de la Semaine Olympique et Paralympique, des animations ponctuelles lors de la Semaine des Mathématiques, une campagne d’information autour du label Cité Éducative, des incitations à participer au Plan Mercredi (mise en place d’accueil de loisirs éducatifs auprès d’organismes, en partenariat avec la Caisse d’Allocations Familiales), la participation au plan « mathématiques » de l’Éducation Nationale (dont le projet Échecs et Mat mis en place avec la Direction des Services Départementaux de l’EN de la Vienne est une conséquence).

La multiplication des conventions, des participations aux réunions et des partenariats est absolument incontestable. On peut néanmoins légitimement s’interroger sur leurs pertinences compte tenu du fait que :
Les clubs les utilisent peu comme le démontrent les rares données chiffrées en notre possession : 3 clubs ont reçu le Label Cité Éducative, 6% des clubs pratiquant des interventions à l’école déclarent participer à la Journée Nationale du Sport Scolaire et surtout 92,8% des clubs intervenant en milieu scolaire n’ont pas de projet en collaboration avec les fédérations sportives scolaires !
La convention-cadre avec l’Éducation Nationale demeure le Sésame pour que nos clubs entrent dans les établissements scolaires.

COMMENT ENSEIGNER LES ÉCHECS EN MILIEU SCOLAIRE ?

  • Deux types d’intervenants enseignent les échecs en milieu scolaire (temps scolaire ou temps péri-scolaire) :
    • Les techniciens formés par la FFE, bénévoles des clubs, salariés des clubs, ou prestataires individuels. Ils sont titulaires de diplômes fédéraux tels que le DIFFE (diplôme d’initiation) ou le DAFFE (diplôme d’animation).
    • Les enseignants du premier degré qui peuvent intervenir de leur propre initiative dans le cadre de projets validés par leur académie, ou avec l’aide d’un club FFE qui envoie dans les classes ses intervenants.
      Les enseignants peuvent être formés dans le cadre de leur Plan Académique de Formation (PAF), ou par exemple grâce aux journées de formation permises par le partenariat avec l’USEP.
  • Les différents supports pédagogiques sont aussi nombreux que divers : les ressources pédagogiques sont mises en ligne par la FFE. La « Méthode par Étapes » d’un éditeur privé néerlandais (Van Wijgerden) traduite en français rencontre également un grand succès auprès des animateurs et des enfants. Il existe aussi des livrets parus chez Olibris (J. Maufras et G. Vaysse) permettant les transpositions des notions éducatives au jeu d’échecs.

NOS CONSTATS ET NOTRE ANALYSE

Le lien entre l’Éducation Nationale et la FFE est un lien fort, évident, bénéfique pour l’éducation des enfants, qui a toujours reçu un bon accueil du monde de l’éducation et qui a toujours suscité des efforts de la part des dirigeants de la FFE car il est un levier naturel du développement des clubs et la source principale de nos nouveaux licenciés.

La multiplication des conventions et des partenariats alors que la convention-cadre avec l’Éducation Nationale n’est pas véritablement exploitée pose question :
Les clubs y adhérent peu par manque de moyens humains, d’accompagnement et par manque d’information sur leurs applications locales, alors que la volonté est là.

Il n’existe pas d’indicateurs du succès des différentes politiques de développement du jeu d’échecs en milieu scolaire :
De nombreuses initiatives prometteuses sont invisibles de la FFE, et échappent donc aux projets de conversions des enfants initiés en membres de la FFE.
Le réseau scolaire de la FFE est faiblement renseigné, et la communication entre la FFE et ses organes déconcentrés (correspondants scolaires) est inefficace. Un sentiment d’isolement et de mauvaise écoute a pour conséquences le manque d’unité dans les moyens d’action proposés.
Il n’existe pas d’indicateurs et de moyens d’évaluation sur le moyen terme du réel bénéfice de l’apport du jeu d’échecs pour la construction de l’enfant, même si ce dernier est intuitivement évident.

Notre analyse chiffrée de l’évolution des effectifs de la FFE depuis 10 ans démontre plusieurs tendances nettes :

  1. Le nombre de licenciés A connaît une baisse depuis 2013, avec quelques variations (les licences A chez les jeunes enregistrent une hausse régulière de 1% par an)
  2. Le nombre de licenciés B connaît une baisse régulière depuis 2013
  3. Le non-renouvellement des licences pose problème: la perte de licences dans une catégorie d’âge par rapport à la catégorie précédente est très forte de Pupilles à Benjamins et cette même baisse est constante dans les catégories suivantes, que cela concerne les licences A ou les licences B.

NOTRE PLAN D’ACTION POUR 2021-2024

Action 1 – Structurer les réseaux

Organiser le recensement exhaustif de toutes les actions scolaires en France – Créer le lien avec les structures travaillant efficacement en milieu scolaire mais n’apparaissant pas dans le champ d’action fédéral.

  • Objectifs :
    • Clubs : Aider et doter les interventions « isolées »
    • FFE : Favoriser la conversion en licenciés des enfants déjà initiés
  • Moyens d’action : recrutement de stagiaires pour organiser le recensement sous la responsabilité de la Direction Nationale des Scolaires.

Action 2 – Renforcer le réseau des correspondants scolaires (CDJE et Ligues) pour une meilleure horizontalité

  • Objectifs :
    • Clubs : être mieux informés des projets nationaux et mieux comprendre l’application pour son club
    • FFE : mieux appliquer sa politique scolaire et bénéficier des retours du terrain pour améliorer son développement
  • Moyens d’action : responsabilité du Bureau Fédéral, et d’un chargé de mission au sein du Comité Directeur.

Action 3- Créer une plateforme numérique scolaire fédérale

Objectifs

  • Enfants :
    • De participer en équipe aux compétitions type Arena grâce à une gestion facile de leur professeur des écoles ou de leur professeur d’échecs (sur le modèle des interclubs jeunes Online organisés actuellement par le club de Ste-Foy-lès-Lyon) ;
    • D’avoir un accès facile à la pratique, même après la période d’apprentissage en classe ;
    • De pouvoir être orienté vers un évènement en présentiel près de chez eux ;
    • D’avoir accès à une formation simplifiée motivante par la mise à disposition d’un matériel d’entraînement ludique et pédagogique ;
    • D’être encouragé et de pouvoir mesurer leurs progrès par un elo adapté et des statuts virtuels (icône évolutive suivant l’investissement).
  • Clubs :
    • D’avoir une salle virtuelle, extension de leur club, pour pouvoir présenter leurs activités à de nouveaux licenciés, ou pour conserver leurs jeunes licenciés initiés ;
    • De limiter le non-renouvellement des jeunes licenciés en proposant des activités online à un public adolescent, plus enclin à apprécier la déclinaison virtuelle d’une activité appréciée à l’école primaire.
  • Établissements scolaires :
    • D’organiser une activité fédératrice par le jeu en équipe ;
    • De renforcer l’acquisition de compétences ;
    • D’être récompensées par une dotation grâce à la participation à cette plateforme, ou à des projets transversaux concernant le jeu d’échecs (culture, histoire, arts plastiques).
  • FFE :
    • Favoriser la fidélisation des enfants initiés au moment de leur initiation et surtout au moment où leur apprentissage prend fin en classe ;
    • Augmenter ses effectifs

Action 4- Doter la FFE d’un Institut National de Formation

Structure associative gérée par la FFE avec formations diplômantes à destination des techniciens (initiateurs, animateurs, entraîneurs), des officiels (organisateurs, arbitres) et des dirigeants (formation continue sur les sujets de gestion, formation ponctuelle sur les projets nationaux) : VOIR NOTRE PROJET FORMATION

Objectifs

  • FFE :
    • Créer un diplôme spécifique agréé par l’Éducation Nationale et la FFE afin de mieux former les techniciens FFE et les enseignants du premier degré sur les corrélations entre le jeu d’échecs et les matières scolaires
    • Former les enseignants du premier degré dans le cadre des Plans Académiques de Formation et des journées de formation USEP.
  • Éducation Nationale : Bénéficier de l’intervention d’un personnel plus qualifié pour mieux profiter des vertus de l’enseignement du jeu d’échecs.
  • Clubs : Mieux former ses intervenants et renforcer son développement en milieu scolaire

Moyens d’action

Institut sous la responsabilité du bureau Fédéral, de la Direction du Développement et mis en oeuvre par un chargé de mission parmi les membres du Comité Directeur

Action 5- Créer le Projet CURSUS

Sur le modèle du développement en Arménie, organiser dans une ou plusieurs académies un projet approuvé par le rectorat agissant sur le moyen terme et touchant un grand nombre de classes par académie (500 ou 1000 selon les moyens humains) :
L’enseignement pendant trois années scolaires consécutives (CE1 / CE2 / CM1) du jeu d’échecs sur le temps scolaire.

Objectifs

  • Clubs : participer à un projet d’envergure en organisant des activités liées au projet (interventions, masterclasses, tournois scolaires réguliers) et in fine avoir de nouveaux licenciés.
  • FFE
    • Renforcer ses liens avec l’Éducation Nationale par des projets ambitieux et innovants, apportant des indicateurs fiables sur les apports du jeu d’échecs
    • Augmenter ses effectifs
    • Améliorer ses chances de détecter de futurs talents
    • Faire croître la culture échecs dans la société française
  • Éducation Nationale : Créer une expérience cadrée et balisée pour mesurer les apports du jeu d’échecs sur le développement de l’élève, renforçant l’école de la confiance et de la réussite.

Moyens d’action

Choix des académies en fonction des moyens humains existants ou potentiels grâce au travail de l’INF
Préparation de la convention cadre par un chargé de mission qualifié en concertation avec la Direction Nationale des Scolaires, avant concertation avec l’Éducation NationaleFormation des enseignants du premier degré et des techniciens FFE
Élaboration du matériel pédagogique spécifique et des systèmes d’évaluation de la progression

Déclinaison possible du Projet CURSUS à petite échelle : celle d’une même école

Objectif : permettre avec l’aide de la FFE et de son réseau déconcentré le même type d’expérience aux clubs volontaires ne faisant pas partie d’une académie aux moyens humains suffisants pour appliquer le Projet CURSUS

Action 6- Favoriser le multisport

Dans les structures sportives scolaires (UNSS), favoriser le double enseignement de deux disciplines sportives ne faisant qu’une (chessboxing, échecs et natation, échecs et tennis de table, etc)

Objectifs

  • FFE
    • Améliorer la popularité du jeu d’échecs auprès des membres de l’Éducation Nationale animant les sections sportives
    • Faire croître la culture échecs dans la société française
  • Clubs : Favoriser l’enseignement des échecs dans les quartiers ou les zones urbaines où les échecs n’ont pas la popularité ou les facilités d’accès qu’ils méritent
  • Éducation Nationale : favoriser la pratique croisée expérimentale afin de construire des connaissances nouvelles tant sur soi que sur le vivre ensemble

Le développement du jeu d’échecs en milieu scolaire est une priorité pour la FFE.
Grâce au travail déjà effectué depuis de nombreuses années, elle bénéficie du terreau nécessaire pour améliorer son efficacité et pour démontrer de manière plus évidente son importance dans les dispositifs de l’Éducation Nationale.
La FFE doit être plus créative en innovant avec des projets mieux adaptés à notre société. En renforçant ses structures, elle parviendra à associer plus efficacement les clubs à ses avancées nationales.
La baisse des effectifs est une anomalie compte tenu des efforts de chacun, et il nous a semblé nécessaire de proposer des mesures adaptées aux conclusions de nos analyses.
Ces mesures sont optimistes, ambitieuses, mais elles sont aussi objectives et réalisables, ce qui nous semble être les quatre piliers d’une bonne réforme.

Pour aller plus loin