L’inclusion des personnes en situation de handicap

L’inclusion des personnes en situation de handicap

Le handicap est un mot qui fait parfois peur, qui semble loin de notre quotidien, qui ne semble concerner qu’une infime partie de la population.

Erreur ! Selon les chiffres de l’OMS et du Ministère de la Santé, il y aurait en France environ 12 millions de personnes en situation de handicap, soit 2 personnes sur 11.

Parmi celles-ci, 4 millions sont touchées par un handicap auditif, près de 2 millions par ont un handicap visuel, 650 000 personnes sont diagnostiquées comme autistes (une personne sur 150 naît autiste chaque année, source INSERM), 5 millions de personnes souffrent de troubles dys.

Parmi ces personnes en situation de handicap, 70 % souhaiteraient faire du sport (soit environ 8,4 millions), et seulement 35 % pratiquent, soit environ 4,2 millions.

Il y a donc un réel enjeu sportif et sociétal pour une Fédération comme la nôtre, qui est une des rares fédérations à pouvoir pratiquer une inclusion quasiment totale de n’importe quelle personne en situation de handicap.

État des lieux de notre Fédération

Un secteur spécifique existe, créé par la Commission référente Handicap. On peut y trouver une bonne documentation, des informations pertinentes et relativement souvent mises à jour sur les actualités.
Une équipe de France des déficients visuels existe et participe régulièrement aux divers championnats mondiaux existants. Un championnat de France des mal-voyants a été organisé tous les ans depuis quelques années.

Notre constat

  • Un manque flagrant et criant de visibilité fait que peu de monde est au courant de ces ressources.
  • Aucun recensement des actions des structures déconcentrées n’est visible, à part 2 témoignages qui semblent être une vitrine pour les clubs de Dieppe et Lyon OE.
  • Un page sur la formation nous apprend qu’un module optionnel Handicap existe depuis 2017 dans les stages de formation d’animateurs.
  • On ne trouve aucun partenariat avec les Fédérations dédiées aux personnes en situation de Handicap, à part une vague information naissante sur des réunions constructives avec pour objectif d’établir dans les prochains mois une convention de partenariat avec le HandiSport et qui nous renvoie encore une fois vers le club de Lyon OE.

Bilan

Malgré un secteur empli de bonne volonté, les informations sont difficilement utilisables et les axes de travail sur le Handicap ne nous semblent pas totalement adaptés à la situation sur le terrain qui intéresse au plus haut point nos clubs. Enfin, rien ne semble être fait pour voir les choses du côté inverse, à savoir comment faire connaître notre potentiel au monde extérieur, tout est trop centré sur notre milieu uniquement.

Nos propositions

Axe 1 : la visibilité

Il nous faut être visibles de l’extérieur afin que les personnes en situation de Handicap qui désireraient pratiquer notre sport puissent savoir comment venir au club.

  • Pour cela, nous sommes déjà en propositions avancées pour nous affilier au CPSF (Comité Paralympique Sportif Français), qui est l’équivalent du CNOSF, afin que nous soyons reconnus par les autres structures membres, que nous puissions profiter de leur réseau de fédérations et que nous puissions aussi avoir accès à leurs nombreuses ressources sur l’intégration des personnes en situation de Handicap.
  • Nous allons créer, faire fabriquer et diffuser des flyers vantant les 10 bonnes raisons de jouer aux Echecs quand on est en situation de Handicap. Ces flyers seront distribués lors de toutes les manifestations échiquéennes organisées par la Fédération, mais aussi par les organes déconcentrés, ils seront téléchargeables facilement sur le site fédéral et mis en valeur par le Pôle Service aux Clubs.
  • Le Pôle Service aux Clubs sera opérationnel pour des actions d’incitation au référencement dans le Handiguide, seul outil qu’ont les personnes en situation de Handicap pour trouver une structure adaptée proche de chez eux.
  • Création d’un logo amélioré sur le Handicap. En effet, l’ actuel ne recense que l’accès aux personnes à mobilité réduite. Une personne en situation de Handicap souffrant d’une autre affection n’est pas au courant si un club est en capacité de l’accueillir.

Axe 2 : l’inclusion

Il nous faut être capables mais aussi avoir la volonté d’inclure, et le meilleurs moyen est de s’appuyer sur des structures ayant fait leurs preuves.

  • Nous signerons des partenariats avec la fédération du Sport Adapté et celle du HandiSport qui aboutiront car nous avons un projet structuré et crédible que nous souhaitons mettre en place. Ces partenariats nous permettront de toucher les nombreux licenciés de ces fédérations qui pourront facilement faire le pas vers nous s’ils veulent pratiquer les Échecs. Une remise sur le coût de la licence pourrait être une incitation à ce que les personnes en situation de handicap viennent dans nos clubs, nous proposons donc d’abandonner la part fédérale dans ce cas précis, tout en conservant les parts Ligue et Comité.
  • Nous allons effectuer un recensement complet des pratiquants licenciés en situation de Handicap dans nos clubs, des encadrants qui sont formés pour les accueillir, et des actions spécifiques pratiquées dans nos territoires. Cela permetta de mettre en relation les clubs entre eux via le Pôle Service aux Clubs et sa plateforme dédiée, la Fédération et les pilotes de ce Pôle étant les porteurs d’une mise en commun d’une base de connaissances et de compétences destinée à dédramatiser la situation pour un encadrant qui se trouve confronté à l’accueil d’une personne en situation de handicap.

Axe 3 : la formation

  • Nous diffuserons et commenterons par l’intermédiaire du Pôle Service aux Clubs les guides des bonnes pratiques d’accueil des joueurs en situation de Handicap, car créer des guides sans le suivi pédagogique qui va avec n’est d’aucune utilité.
  • Nous intégrerons automatiquement dans toutes nos formations animateurs ou entraîneurs un module Handicap, par l’intermédiaire de l’INF (Institut National de Formation).
  • Nous créerons une formation Handicap dédiée aux dirigeants.

Conclusion

Avec toutes les actions que nous allons mettre en place, nous allons dédramatiser l’accueil des personnes en situation de Handicap dans les clubs, faciliter l’inclusion de ces personnes, améliorer la visibilité qu’elles pourraient avoir de nos actions.
Il y a, pour les clubs, un potentiel énorme de licenciés supplémentaires, et d’autre part un enjeu sociétal important que nous nous devons appréhender en tant que Fédération Sportive.

Personne ne doit plus pouvoir dire qu’il n’était pas au courant que les Echecs sont un sport tout à fait adapté au Handicap, et doit pouvoir pousser la porte d’un club en toute confiance.

Aucun club ne devra désormais plus être démuni devant l’arrivée d’une personne souffrant d’un Handicap.


Frédéric Dumont, ancien président de Beaune Échecs et joueur myopathe, a souhaité interrogé les listes candidates au sujet du handicap. Nous publions ci-dessous notre réponse.

Les personnes en situation de handicap représentent environ 2 personnes sur 11 en France. Il nous tient évidemment à cœur de favoriser leur inclusion, sans toutefois oublier que nos encadrants et bénévoles manquent cruellement de visibilité quant à leur accueil.
Nous pensons qu’à l’instar de la Mixité/Féminisation, le Handicap ne doit pas être traité à part par notre Fédération : notre sport doit être un modèle d’inclusion.

Question 1 : Concernant les joueurs handicapés physiques affiliés dans un club, quel sera votre orientation sportive ?

Nous considérons les joueurs atteints d’un handicap comme des joueurs tout à fait traditionnels et les inclure dans nos activités sportives va de soi.
Les partenariats que nous allons mettre en place avec les Fédérations du Sport Adapté et du Handisport vont faciliter leur intégration.
De même, les contacts avancés que nous avons avec le CPSF (pendant handi du CNOSF) vont se concrétiser par une affiliation à ce Comité afin de pouvoir utiliser leur réseau et leurs nombreuses ressources.

Question 2 : Avez-vous un programme précis qui leur est destiné ?

Notre programme, centré sur les difficultés que nous rencontrons au quotidien, est basé sur 3 axes :

  • La visibilité : nous ferons connaître les capacités d’accueil de nos clubs et les bénéfices engendrés par la pratique des Échecs en diffusant des flyers spécialement créés pour toucher toutes les fédérations du secteur Handicap, mais aussi le grand public à l’occasion de toutes les manifestations fédérales sur notre territoire. Le pôle Service aux Clubs sensibilisera les clubs à l’utilité de se faire référencer dans le Handiguide qui est le rare outil qu’ont les personnes en situation de handicap pour appréhender l’offre qui existe dans le sport.
  • L’inclusion : la part fédérale sera abandonnée pour tous les licenciés d’une autre fédération touchant au handisport afin d’inciter ces joueurs à se licencier chez nous aussi. Un recensement de toutes les personnes en situation de handicap licenciées aux Échecs sera effectué, ainsi qu’un recensement de tous les clubs qui opèrent des actions spécifiques envers ce public, de façon à ce que nous puissions mettre en commun une base de connaissances au service de toutes les structures déconcentrées.
  • la formation : nous allons diffuser et expliciter le guide des bonnes pratiques d’accueil déjà existant, afin de dédramatiser le rôle des encadrants. Toutes les formations fédérales incluront un module Handicap afin que désormais plus aucun animateur ou entraîneur ne se trouve démuni. Nous créerons une formation Handicap spécialement dédiée aux dirigeants. Tout ceci sera du ressort de la nouvelle INF qui sera créée. Nous aiderons à anticiper les besoins logistiques ainsi que les leviers facilitant pour l’accueil du public en situation de handicap par l’intermédiaire du Pôle de Service aux Clubs.

Question 3 : Au niveau de l’arbitrage allez-vous apporter des changements permettant d’équilibrer une rencontre handi valide ? et au niveau technique support, aide humaine et accessibilité ?

Nous appliquerons les directives de la FIDE sur notamment le jeu en ligne. Comme dit précédemment, les besoins logistiques et les leviers facilitant seront mis en valeur.

Question 4 : Avez-vous un membre de votre liste atteint d’un handicap afin que les joueurs handicapés aient un représentant bienveillant comme l’on les féminines et vétérans ?

Nos référents sont des personnes hautement impliquées dans le monde du Handicap.

Françoise CWIEK, vice présidente de la Ligue d’Occitanie, dont le club est licencié à Handisport depuis 2012 et qui doit organiser les championnats du monde pour jeunes et femmes aveugles et malvoyantes en 2022.
Elle est sollicitée pour se présenter au Comité Départemental Handisport, et elle est en contacts réguliers avec l’APF.

Bénéficiaire d’une reconnaissance de travailleur handicapé, Laurent NOUHAUD, président de la Ligue des Échecs des Pays de la Loire, propose dans sa ligue toute une série de mesures destinées à favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap.

Question 5 : Si un collectif de joueurs handicapés sous forme associatif se formait, seriez-vous prêt à collaborer en associés avec, pour développer la pratique et l’organisation de compétitions individuel et par équipe à tous les niveaux , départementale , régionale , nationale et international ? bien évidemment à égalité des joueurs valides ?

Nous sommes bien évidemment favorables à une collaboration avec le collectif MAT TON HANDICAP qui nous paraît être une bonne initiative constructive.
Nous pensons néanmoins, comme dit dans le préambule, que les personnes en situation de handicap ne doivent pas être traitées à part, mais faire l’objet d’une intégration la plus totale possible.